Olga Alexandrovna Ladyzhenskaya

Olga Alexandrovna Ladyzhenskaya (Ladyjenskaïa dans la transcription en français) fait partie des plus grands mathématiciens du 20ème siècle. C’est une figure marquante par la profondeur de ses contributions, mais aussi par une vie hors du commun. Elle est née le 7 mars 1922 à Kologriv, une petite ville du nord de la Russie, et décédée le 12 janvier 2004, à Saint-Pétersbourg. Son grand-oncle, Gennady Ladyzhensky, était un peintre reconnu dont elle était très proche et dont elle a gardé précieusement les paysages de la rivière Ounja. Son père Alexander Ivanovich, professeur de mathématiques  dans un  lycée, avait décidé de s’occuper lui-même de la formation mathématique de ses trois filles.

Mais en octobre 1937, Alexander Ivanovich est arrêté puis abattu par le NKVD. La situation familiale devient alors très délicate mais la famille parvient à subsister grâce aux efforts de la mère et de la soeur ainée d’Olga. Brillamment reçue aux examens de l’Université de Leningrad en 1939, Olga ne peut s’y inscrire, son père étant alors considéré comme traître à la Nation (il sera réhabilité après le discours de Khrouchtchev en 1956). À la fin de la guerre, elle parvient à s’inscrire à l’Université de Moscou, avant de  rejoindre Leningrad, où elle soutient sa thèse et commence sa carrière académique.

Ses principaux résultats concernent la théorie des équations aux dérivées partielles (EDP). L’un des enjeux est de déterminer la régularité (en terme de continuité, dérivabilité…) des solutions, selon la régularité des coefficients qui interviennent dans ces équations. Avec Nina Uralceva et Vsevolod A. Solonnikov, elle livre dans les années 60, une véritable encyclopédie du sujet qui fait toujours autorité aujourd’hui. Elle a ainsi étendu des résultats obtenus par Ennio De Giorgi, Jurgen Moser, John Nash (Prix Nobel d’Économie 1994, dont le personnage a inspiré le film Un homme d’exception avec Russell Crowe), à une époque où les échanges entre les chercheurs occidentaux et soviétiques étaient quasi inexistants. Par ailleurs, Olga Ladyzhenskaya  est aussi la source de résultats majeurs sur les équations qui régissent les fluides visqueux incompressibles. Si Jean Leray a démontré l’existence de solutions dans les années 30, la question de l’unicité se révèle encore plus difficile. Elle a démontré l’unicité et analysé la régularité des solutions sous certaines conditions pour des écoulements bi-dimensionnels. Dépasser ce type de théorème est un défi scientifique qui fait l’objet d’un prix à 1 million de dollars proposé par l’Institut Clay !

Olga  Ladyzhenskaya entretenait de solides relations d’amitié avec l’écrivain Alexandre Soljenitsyne et la poétesse Anna Akhmatova, à l’existence tout aussi fascinante. Cette dernière lui a d’ailleurs dédié un de ses poèmes.

Responsable  du laboratoire de physique mathématique du célèbre Institut Steklov de l’Académie des sciences de l’URSS, présidente de la St Petersburg Mathematical Society, Olga  Ladyzhenskaya a son nom sculpté sur un grand bureau en marbre dans la salle d’exposition Mathématiques du Musée de la Science de Boston, parmi les mathématiciens influents du 20ème siècle.

Brève rédigée par Thierry Goudon (Inria Sophia Antipolis).

Pour en savoir plus :

Crédit image : St Petersburg Mathematical Society

3 Commentaires

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

*