Commerce en réseau au Moyen Âge

Paysans du Moyen-Age payant l'impot.

Paysans du Moyen Âge payant l’impôt.

Au Moyen Âge, les relations sociales sont régies par un système féodal dans lequel l’autorité est portée en partie par des seigneurs locaux selon un système complexe d’obligations et de services. Ceux-ci sont généralement organisés autour de rentes relatives à des terres agricoles : le seigneur concède l’exploitation de celles-ci à des tenanciers qui, en retour, cèdent une partie de leur production. Ces relations étaient contractualisées par des contrats agraires.


Un grand corpus, actuellement sauvegardé aux archives départementales du Lot, en donne un aperçu intéressant : il contient plus de 1 000 actes issus de la copie d’un feudiste, juriste spécialiste de droit féodal, qui s’est employé durant une vingtaine d’années au XVIIIe siècle à collecter tous les actes notariés relatifs à la seigneurie de Castelnau-Montratier (Lot, France) enregistrés entre le XIIIe et le XVIIIe siècle. Ce travail important était la requête du nouveau propriétaire de la seigneurie, Léon de Bonal, un bourgeois récemment anobli qui voulait faire valoir ses droits. Les documents copiés ont échappé à la destruction lors de la Révolution et permettent d’avoir accès à une collection des actes notariés de cette seigneurie qu’on peut supposer pratiquement exhaustive : chaque acte contient une ou plusieurs transactions décrivant des relations commerciales ou de rentes entre des individus (seigneurs ou tenanciers). Elles constituent un témoignage exceptionnel de l’organisation sociale de cette époque.

Ces documents ont été numérisés dans une base de données et étudiés sous l’angle de la compréhension de l’organisation des relations entre individus. De manière plus précise, les données ont été représentées sous la forme d’un graphe, qui est défini par la donnée d’un ensemble de nœuds (les individus actifs dans au moins une transaction et les transactions elles-mêmes) et de relations entre ces nœuds (le fait qu’un individu ait été impliqué dans une transaction). Des techniques de fouille de données, de partitionnement de nœuds dans un graphe (c’est-à-dire de regroupement des nœuds en ensembles fortement connectés) et de visualisation de graphe ont aidé à la compréhension des principales caractéristiques de ce corpus.

Les relations entre paysans au moyen age sont complexes.

Mise en évidence des relations entre paysans au moyen d’un graphe.

Les documents, organisés temporellement en deux périodes de grande activité, avant et après la guerre de Cent Ans, sont moins nombreux au moment de celle-ci. Le graphe lui-même est organisé autour de quelques personnages importants que le partitionnement a permis de mettre en valeur au centre des groupes retrouvés. Enfin, ce modèle permet de fournir des outils semi-automatisés de recherche des erreurs de saisie dans la base de données, erreurs dues majoritairement aux très nombreuses homonymies.

Brève rédigée par Nathalie Villa-Vialaneix (SAMM, Université Paris 1) d’après ses travaux avec Romain Boulet (Université Lyon 3), Florent Hautefeuille (TRACES, Université Toulouse 2), Bertrand Jouve (ERIC, Université Lyon 2) et Fabrice Rossi (SAMM, Université Paris 1).

Pour en savoir plus :

Crédits images : Wikimedia Commons, Fabrice Rossi & Nathalie Villa-Vialaneix

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