Réchauffement climatique ou fin d’une période glaciaire?

Reconstruction climatique en Europe.

La période géologique du quaternaire récent a enregistré des changements cycliques et climatiques importants. Ils sont principalement liés aux variations de l’orbite de la Terre (théorie de Milankovitch). Durant les quatre derniers cycles climatiques (450 000 ans environ), la végétation en Europe occidentale a connu des situations extrêmes en termes de climats et de types d’écosystèmes. Les périodes glaciaires sont dominées par une végétation herbacée et les périodes interglaciaires par des forêts. Pendant les interglaciaires, la végétation se développe de façon quelque peu analogue à la période que nous connaissons aujourd’hui, l’Holocène, avec un climat (probablement) comparable, un niveau marin plus élevé, une concentration atmosphérique de CO2 similaire et des calottes glaciaires très réduites. En revanche, en termes de températures et de climat, la durée et la similitude des interglaciaires passés avec celui que nous vivons est toujours une question débattue, principalement en raison de l’impact des activités humaines produisant des gaz à effet de serre. Ainsi, pour tenter de comprendre les impacts futurs du climat sur les écosystèmes, il est essentiel d’étudier la relation “climat/végétation” dans le passé en recherchant des analogies avec notre interglaciaire.

Des données palynologiques (pollens fossilisés) du Velay ont été utilisées pour reconstruire la dynamique de la végétation ainsi que les climats, durant les 450 derniers millénaires, avec une attention plus particulière pour les périodes interglaciaires. Cette séquence, prélevée dans des lacs situés dans la partie sud-est du Massif Central, représente le plus long enregistrement fossile disponible dans le domaine tempéré en Europe occidentale. La reconstruction des différents climats est fondée sur des méthodes statistiques permettant de trouver la végétation moderne la plus analogue à l’échantillon fossilisé pour en déduire le climat associé.

En analysant de façon plus détaillée les périodes interglaciaires (similaires à l’Holocène), nous pouvons remarquer de fortes similitudes dans leur déroulement. D’abord le nombre de conifères (cèdres, cyprès, pin, sapin etc. ) diminue tandis que les arbres tempérés décidus (chênes, ormes, etc.) prennent le relais au début de chaque période interglaciaire. Ensuite la  proportion des arbres décidus diminue, relayée par une augmentation des arbres mésophiles (adaptés aux températures tempérées) ce qui marque la fin des optimums climatiques de chaque interglaciaire. Enfin les deux derniers types d’écosystèmes (tempérés décidus et mésophiles) régressent alors que les conifères augmentent de nouveau. On peut donc se demander si la configuration actuelle indique la fin de notre période interglaciaire.

Une différence importante, cependant, entre la situation actuelle et les précédents interglaciaires est l’impact direct et indirect croissant de l’homme sur les écosystèmes. L’analyse de calottes de glace montre qu’en dépit de l’insolation décroissante depuis 11 000 ans (qui devrait nous induire dans une période glaciaire), le taux de CO2 atmosphérique actuel reste au-dessus des valeurs enregistrées durant les précédents débuts de périodes glaciaires. Ce phénomène a tendance à empêcher la croissance de la calotte glaciaire. La discordance actuelle entre l’insolation, le volume global de glace, et le taux de CO2 atmosphérique n’a été enregistrée dans aucun des quatre derniers cycles climatiques.

Brève rédigée par Avner Bar-Hen (Université Paris Descartes) d’après les travaux de Rachid Cheddadi (Université Montpellier 2), Jacques-Louis de Beaulieu (IMBE), Jean Jouzel (LSCE), Valérie Andrieu-Ponel (Aix-Marseille Université), Jean-Marie Laurent, Maurice Reille, Dominique Raynaud (LGGE), Avner Bar-Hen (Université Paris-Descartes).

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Crédits Images : R. Cheddadi.

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