Dater la fonte des glaciers

Moraines du Ritacuba negro (Sierra Nevada del Cocuy, Colombie).

Les glaciers représentent un enjeu important pour les ressources en eau douce car ils influencent la variation du niveau marin. Pour comprendre leur évolution future et évaluer l’effet potentiel des actions de l’homme , comme l’industrialisation , il faut connaître leur évolution dans un climat naturel c’est-à-dire avant l’industrialisation. Or nous ne disposons que de très peu d’archives (cartes ou photographies aériennes) permettant de reconstituer leur volume durant les siècles passés.

Lorsque les glaciers fondent, ils abandonnent des débris rocheux que l’on appelle moraines. Si on arrive à dater la création de ces dépôts, on pourra en savoir plus sur l’histoire du glacier. Or ces roches sont colonisées par des organismes appelés lichens qui peuvent vivre plusieurs siècles. Par ailleurs, la taille des lichens croit en fonction de leur âge. Ainsi, en évaluant l’âge des plus vieux lichens présents sur une moraine, on peut proposer une date pour sa formation et donc reconstituer les différents stades du glacier.

Afin d’évaluer l’âge des lichens, on a besoin de savoir à quelle vitesse ils grossissent. Les groupes de lichens mesurés sur des édifices pour lesquels on connaît la date de construction, comme des églises ou des tombes, permettent d’obtenir une courbe dite de croissance. On utilise ensuite la théorie statistique des valeurs extrêmes qui permet d’étudier les valeurs maximales d’un ensemble de mesures. Dans le cas de l’étude des lichens, les plus gros lichens sont les plus vieux et ce sont ceux qui nous intéressent puisqu’ils correspondent à la date de recul du glacier. Ainsi, grâce à cette théorie statistique, on peut utiliser la courbe de croissance des lichens pour dater les différentes phases de fonte d’un glacier et estimer sa vitesse de fonte.

Ces résultats sont indispensables pour reconstituer les conditions climatiques passées. Ils nous permettent de prévoir les évolutions futures.

Brève rédigée par Delphine Grancher d’après les travaux de V. Jomelli, D. GrancherD. Brunstein (CNRS), P. Naveau, (LSCE), D. Cooley (Colorado State University), A. Rabatel (CNRS).

Pour en savoir plus :

Crédits Images : V. Jomelli.

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