Le climat de chez vous a-t-il déjà changé ?

L’augmentation prévue des températures (en °C) dépend de la région.

En France, de nombreuses observations météorologiques sont réalisées et archivées depuis plus d’un siècle. Ces observations nous renseignent sur le climat moyen de chaque région – les fameuses normales saisonnières – et permettent de mettre en perspective certains événements extrêmes comme la canicule d’août 2003, ou la vague de froid de février 2012. Considérées sur une période suffisamment longue (au moins plusieurs décennies, typiquement un siècle), elles fournissent également des informations précieuses sur les changements climatiques. On peut, en particulier, se demander si les variations observées sont compatibles avec les seules fluctuations naturelles du climat, ou si, au contraire, elles attestent d’un réel changement.

Afin d’évaluer ces changements, il faut tout d’abord rendre comparables des observations réalisées à des périodes différentes, avec des instruments différents, en des lieux différents, etc. C’est le problème de l’homogénéisation des données (voir la brève « Pourquoi corriger les séries climatiques ? »). Ensuite, il faut parvenir à séparer, dans les variations observées, les fluctuations naturelles du  climat (alternance normale d’années chaudes ou froides), d’un éventuel signal de changement climatique, plus lent et qui aurait une autre origine (dû à l’activité humaine par exemple).

Au cours de la période 1900-2006, les températures moyennes annuelles ont augmenté en France métropolitaine, d’environ 1.1°C à 1.6°C selon les régions. L’essentiel de ce réchauffement s’est produit au cours des 30 dernières années. Il est plutôt moins fort dans le nord-est et plus fort dans le sud-ouest.

L’estimation de ce réchauffement est obtenue en ajustant aux températures observées un modèle linéaire qui prend en compte la forme des variations dans le temps, supposée connue (les modèles de climat fournissent des informations précieuses de ce point de vue). Ensuite, ce réchauffement est comparé aux variations naturelles du climat, afin de déterminer s’il est significatif et par conséquent s’il traduit un réel changement du système. Une difficulté vient du fait que les différentes observations réalisées ne sont pas indépendantes. Par exemple, même en l’absence de tout changement, une année aura tendance à être chaude (ou froide) dans la plupart des stations de mesure simultanément, ce qui induit une dépendance spatiale. De même la variabilité naturelle implique qu’une année chaude est préférentiellement suivie d’une autre année chaude, de sorte que l’observation de plusieurs années chaudes consécutives n’est pas nécessairement suffisante pour aboutir à une conclusion.

Il est donc nécessaire d’étudier précisément les caractéristiques spatio-temporelles de la variabilité naturelle. On peut alors se baser sur leur estimation pour évaluer s’il est assez probable, ou au contraire très improbable, que cette variabilité explique seule le réchauffement observé. Les résultats de ces tests statistiques montrent qu’en France, l’augmentation observée  n’est pas compatible avec les fluctuations climatiques naturelles et traduit donc un réel changement du climat. En outre, les différences observées entre les grandes régions sont également significatives, ce qui traduit la non-uniformité spatiale du réchauffement récent.

Brève rédigée par Aurélien Ribes (Météo-France) d’après ses travaux.

Pour en savoir plus :

Crédits Images : A. Ribes.

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