Nos petits-enfants connaîtront-ils le miro des Chatham ?

Miro de Chatham.

Déterminer si une espèce est « en danger » est une mission délicate, qui dépend souvent d’un grand nombre de critères. Doit-on déclarer une espèce viable tant qu’elle contient un certain nombre de représentants ? Tant qu’elle est représentée, même en petit nombre, dans suffisamment d’endroits différents ? Obtenir une réponse concrète à ces questions est complexe et la modélisation mathématique peut alors s’avérer être d’une grande aide.

Ces modèles mathématiques étudient la taille et la structure d’une telle petite population. Ils ont permis de mettre en évidence que son fractionnement en de petites communautés avait une forte probabilité de précipiter son déclin en nombre. D’autres modèles, dits de génétique des populations, ont également permis de quantifier l’effet de la consanguinité et d’obtenir une idée de la vitesse à laquelle les mutations défavorables pouvaient s’accumuler et entraîner son déclin en « qualité » (adaptation à l’environnement, aptitude à se reproduire, …). Les modèles développés à présent tentent de prendre en compte de nouveaux facteurs tels que les variations de l’environnement (question essentielle dans un contexte de réchauffement climatique), l’appartenance de l’espèce à un écosystème dont elle dépend et qui dépend d’elle, l’impact de l’activité humaine… Ils permettent ainsi d’étudier plusieurs stratégies de sauvetage et aident à déterminer la plus pertinente. Mais gardons en tête l’exemple édifiant du miro des Chatham.

Ce petit oiseau noir des îles Chatham a connu, dans la première moitié du 20siècle, un déclin sans précédent dû à la colonisation de ces îles sauvages par l’homme. Afin d’éviter son extinction, une équipe de chercheurs dévoués se sont relayés afin de transférer les oeufs des quelques miros restants dans d’autres nids, les incitant ainsi à en produire d’autres tout en s’assurant de l’éclosion des premiers. Ce travail impressionnant a permis à la population de revenir à une taille encourageante, mais a malgré tout eu une conséquence inattendue : les femelles se sont mises à pondre au bord de leur nid, où elles ne couvent pas, rendant la survie des petits dépendante de leur transfert par l’homme !

Même si ce phénomène a quasiment disparu à présent, reste la morale de l’histoire : la modélisation et l’analyse de la viabilité d’une population sont d’une grande aide pour trouver la meilleure stratégie à adopter, mais la complexité du vivant est telle que nous sommes encore bien loin d’en comprendre toutes les lois…

 

Brève rédigée par Amandine Veber (CNRS et École Polytechnique).

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Crédits Image : Wikipedia.

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